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Déclôt ses yeux fanés et renaît lentement
À ton nom triste et doux comme un roucoulement.
Elle aussi semblait morte et n’était qu’endormie.
Vois : la pourpre reflue à sa lèvre blêmie.
Il a suffi qu’un soir ton nom fût prononcé
Pour qu’elle se levât du fond de mon passé
Dans sa grâce ondoyante et pensive de Celte,
Avec ses cheveux blonds, ses yeux verts, son cou svelte
Et ce rythme léger, ce verbe sobre et clair,
Qu’un gondolier perdu sur les rives du Guer
Lui transmit autrefois de Fiume ou de Ravennes,
Mêlés au sang latin qui coulait dans ses veines…
Elle approche, et son cœur bat plus fort sous sa main
Aux effluves d’amour qui montent du chemin.
Bien des ans ont passé, bien des nuits, bien des aubes,
Et l’ardent souvenir parfume encor ses robes.
C’est que rien n’a changé : paysage, horizon,
Gens et choses, autour de toi, chère maison,
Tout a gardé sa grâce austère et primitive.
Voici tes humbles murs quadrillés de chaux vive,
Le puits et l’échalier, le balcon sous l’auvent,
Et la grêle saulaie au feuillage mouvant
Et, dans l’étroit courtil cerné d’épines blanches,
Les paresseux asters et les souples pervenches.
Ô sapins que j’ai vu planter, est-ce bien vous ?
Est-ce vous, Landrellec, Guern, Roc’h-Pic, Coztankous,