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Pour t’être pénétré du deuil qui s’y révèle,
Tu trouveras aux miens une douceur nouvelle.
Il est des voix, écho d’un si morne tourment,
Qu’on les prendrait de loin pour un vagissement
Et qu’elles n’osent pas se détacher des lèvres.
Recueille-les. Entends ce que disent leurs fièvres,
Les âtres morts, l’exil, la souffrance et la faim ;
Connais toutes ces voix grelottantes, afin
De mieux apprécier le cristal de la mienne.
Or, c’est cela, Gwion, la charité chrétienne
Et, quoiqu’un peu païens de tournure et d’esprit.
Nous la pratiquerons ainsi qu’il est écrit…

QWION

Nous devenir chrétiens, Urgande !
Nous, les lutins subtils, fantasques et moqueurs,
Céder au vent de propagande
Qui dessèche partout les cœurs !…

URGANDE

Innocence ! Candeur ! Simplesse !
Eh ! l’on en prend et l’on en laisse,
Gwion. Puis, entre nous, ta crainte est sans objet
Jésus n’est pas un ogre, ami, comme Saturne.
Ceux qui te l’ont dépeint renfrogné, taciturne,
Cuvant au fond du ciel le sang qui le gorgeait,