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Bien d’autres avant vous ont tenté l’aventure ;
Un vent mystérieux chantait dans leur mâture ;
Les cloches de la mer tintaient si doucement
Que, pour mieux écouter leur magique langage,
Les hommes se couchaient le long du bastingage
Et qu’ils pensaient ouïr des voix de diamant.
Écoutez-les aussi, ces cloches de promesses.
Leur carillon léger sonne d’étranges messes,
Telles qu’aucun de vous jamais n’en entendit.
Ahès est là, près de l’évêque qui les dit.
Et tout à coup, selon le rite guibélique,
Elle arque son corps immortel
Et, dans la monstrueuse et sombre basilique,
On voit s’ouvrir le lotus symbolique,
Et c’est Ahès le ciboire et l’autel !…
Nous cependant, couchés sur le sable des grèves,
Nous n’imiterons pas le farouche pluvier
Et nous suivrons, d’un œil ami, sans l’envier,
L’appareillage de vos rêves.
L’hiver chasse l’oiseau : plus fidèles que lui,
Jamais nous ne fuirons cette île hospitalière,
Et nos cœurs accouplés, demain comme aujourd’hui,
Ne voudront plus d’autre volière.
C’est ici leur dernier retrait,
La rive douce et familière.
Le nid caché, le nid secret.