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(Il appelle.)
Urgande ! Urgande !…
Rien. La grève est muette et muette la lande…
(Il retombe dans sa rêverie.)
Hélas ! au temps lointain du stellaire pourpris,
Avant que tu m’eusses pris,
Myrdhynn, empereur des charmes,
Duc des magiciens, prince des nécromans,
Au barbare réseau de tes enchantements,
Mes yeux ignoraient les larmes.
J’étais heureux dans le céleste chœur.
Ceint de verveine et de lavande,
Mon jeune front riait sous sa double guirlande.
J’étais heureux : Urgande habitait dans mon cœur,
Et mon cœur habitait Urgande…
Renaîtrez-vous, beaux matins de jadis ?
Quand se clora ma longue épreuve ?
Île des Sept-Sommeils, rochers sept fois maudits,
Où m’enchaîna le dur geôlier des sept bardits,
N’est-il donc rien qui vous émeuve ?
Suis-je votre captif jusqu’à la fin des temps ?
Ne reverrai-je plus, au détour de la sente.
Fleurir la rose éblouissante,
Se lever dans ma nuit l’étoile que j’attends ?
Urgande, chère fée, ô moitié de mon âme,
Que ne suis-je le vent rapide ou bien la flamme