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Tu ne le trouveras qu’en ta millième année,
Quand la fleur de tes seins sera toute fanée
Et que, pareils aux tambourins
Fendant leur peau parcheminée,
Tes séniles appas danseront sur tes reins ! »
Et j’allai. Forme vide, argile pantelante,
Ton souffle me chassait sur la route dolente :
La route ne menait nulle part. Et la nuit
Tombait. Partout le deuil et l’horreur ; aucun bruit
Que celui de mes pas heurtant le grès sonore.
Et la nuit refermait ses yeux noirs, et l’aurore
Levait au bord du ciel ses prunelles d’or fin,
Et je marchais toujours sur la route sans fin !
Oh ! l’angoisse d’errer ainsi, seule, perdue
Irrémissiblement dans la morne étendue,
Vouée au silence éternel,
Sans une âme compatissante
Qui consente
À rafraîchir vos yeux d’un regard fraternel !
Mais maintenant voilà que ma force défaille.
Autour de moi rien que les flots,
Et l’âpre bise qui les fouaille
Mêle ses sifflements à leurs rauques sanglots.
Où suis-je ? La nuit vient. Je ne vois plus ma route.
Prends pitié de mon mal, Myrdhynn : ne frappe plus
Celle dont tout espoir a coulé goutte à goutte