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Et que luit sur l’autel le mystique ostensoir.
Venez, accourez tous par les chemins du soir
Vers le royal Jésus couché dans son étable.

« Il est là. Ses beaux yeux, sous ses cheveux bouclés,
Sont comme des bleuets éclos parmi les blés.
Entre ses frêles bras pourrait tenir le monde.
Ô vivants fortunés qu’une étoile conduit,
Voici la radieuse et liliale nuit,
La nuit en miracles féconde !

« Mais nous qui n’avons plus que nos yeux pour pleurer,
Nous qu’une fois tous les sept ans on voit errer
Sur l’abîme, perdant notre âme goutte à goutte,
Nos prières ne montent pas jusqu’à Jésus,
Et maudits sont les flancs dont nous sommes issus,
Parce qu’aucune main ne nous versa l’absoute… »
 
Ils disaient, et nos cœurs s’emplissaient de remords.
Ah ! la dure leçon que nous donnaient les morts !
C’était l’heure bénie où la terre bretonne,
Riant comme une aïeule à l’Enfant nouveau-né,
N’est que chansons, de Plouézec à Locminé.
Job murmura : « Dieu nous pardonne !