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kens a trouvé çà et là (d’inoubliables accents de détresse, des cris d’appel vers la justice de Dieu, que la pitié légère et un peu méprisante de Daudet ne pouvait connaître. Quand Olivier, traité de bâtard, rossé à coups de trique par riiorrible M. Bumble, s’est vu enfin seul, abandonné à lui-même dans la boutique morne et silencieuse du croquemort, « il tomba à genoux sur le plancher, écrit Dickens, et, cachant son visage dans ses mains, il versa de telles larmes qu’il faut souhaiter pour l’honneur de la nature que Dieu veuille en faire rarement répandre de semblables à des enfants de cet âge ! » Ces lignes-là, si simples, sont uniques. Le côté d’art, chez Dickens, est souvent inférieur ; il n’a pas la maîtrise soutenue de M. Daudet. Il l’emporte en vive et profonde