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plus… Alors, je le soulevai davantage, maintenant sa tête sur mes gea noux, et, tout à coup, je vis ses deux yeux, ses deux yeux clairs, qui me rec gardaient tristement, sans une larme, sans un reproche, ses deux yeux qui semblaient vivants ! Je crus que j’allais défaillir, mais rassemblant mes forces dans un suprême effort, j’étreignis le cadavre du Prussien, je le plantai tout droit contre moi, et, collant mes lèvres sur ce visage sanglant, d’où pendaient de longues baves pourpres, éperdùment, je l’embrassai… »[1]

Je ne voudrais point ajouter à cette belle page ; je dirai seulement qu’elle
  1. Extrait du Calvaire, pages 86-87. On sent que le réalisme russe, que Tolstoï a passé là et sa saignante humanité. — Rapprochez l’admirable pièce de Théodore de Banville : Le prussien mort (Idylles prussiennes).