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homme, un homme que j’aimais, un homme en qui mon âme venait de se confondre, un homme qui, dans l’éblouissement du soleil levant, suivait les rêves les plus purs de sa vie !… Je l’avais peut-être tué à l’instant précis où cet homme se disait : « Et quand je reviendrai là-bas… » Comment ? Pourquoi ? Puisque je l’aimais, puisque, si des soldats l’avaient menacé, je l’eusse défendu, lui, lui, que j’avais assassiné ! En deux bonds, je fus près de l’homme… je l’appelai ; il ne bougea pas… Ma balle lui avait traversé le cou, au-dessous de l’oreille, et le sang coulait d’une veine rompue avec un bruit de glou-glou, s’étalait en marge rouge, poissait déjà à sa barbe… Je lui tàtai la poitrine à la place du cœur : le cœur ne battait