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M. Léon Tyssandier (La première passion, La femme du préfet). L’auteur a aussi collaboré au roman posthume de Henri de Pêne : Demi-crimes. Son roman de début, La première passion, bien accueilli de la critique, accuse une langue ori-

    avoir étudié les grands mouvements de l’âme humaine, il passe aux secondaires, puis aux plus petits. Une tendance secrète l’attire vers les exceptions physiologiques et psychologiques. Les monstres le tentent, l’intéressent ; il aime mieux peindre les déviations de l’amour que l’amour lui-même ; il se grise avec ses recherches. Il lui semble qu’il n’atteint jamais la vérité, qu’il ne fouille jamais assez profond, et la crainte qu’il a d’être banal et superficiel le conduit tout droit aux complexités bizarres. De là, cette psychologie afiinée, maladive, étrangement subtile, qui s’étale dans les romans de M. Huysmans, et dans les derniers livres des Goncourt. Enlin, pour exprimer ces sensations anormales, ces nuances infinies de la pensée et du sentiment, les mots usuels ne suffisent plus. On en invente ; on crée ces épithètes extraordinaires, ces verbes macabres, ces mots surprenants, qui ne participent pas plus du français que du chinois et qui font de certains livres modernes une énigme prétentieuse et puérile. »