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prise sur le vif, de ce monde cosmopolite que tous les Parisiens ont plus ou moins coudoyé. À ses qualités d’analyse et d’observation, il joint l’attrait d’une action piquante et mouvementée » ; —

    violemment les traditions da roman d’hier. Ils répudient, avec une véhémence un peu ridicule, l’idéalisme de George Sand et la fantaisie de Dumas père. Ils ne veulent pas que le roman ressemble à une œuvre d’imagination. Ils n’admettent pas que l’écrivain puisse pétrir à son gré la réalité, inventer des caractères, interpréter la nature et l’embellir. Ils exigent qu’il la suive pas à pas. Entre leurs mains, le roman revêt un caractère purement psychologique ; l’analyse y remplace l’invention ; l’observation patiente des milieux y tient lieu des belles imaginations. En un mot, le roman n’est plus un écrit ; c’est une étude, une copie désintéressée de la vie contemporaine. L’auteur dissèque avec amour l’âme, ou pour mieux dire, le tempérament de ses héros ; il en démonte les ressorts cachés ; il en fait vibrer les fibres secrètes ; il le met à nu devant nous. « Cette anatomie morale n’est pas sans dangers. Celui qui procède à ces analyses s’y livre avec passion, et, par cela même, les pousse trop loin, au delà des limites raisonnables. Après