Page:Le Goffic - Les Romanciers d’aujourd’hui, 1890.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a le plus peur de ressembler, c’est M. Prudhomme. Il écrit pour se divertir, sans prétention, sans banalité, sans emphase. Moderne entre les modernes, il emprunterait volontiers au télégraphe sa rapidité ; avec une concision toute boulevardière, il supprime les inutilités : c’est une politesse que d’être bref ; en s’exprimant à demi-mot, l’écrivain semble compter sur l’intelligence de l’auditeur. Jadis, on aimait à voir un auteur développer sa pensée en long et en large et se servir des mots avec une virtuosité savante. Au-jourd’hui on est pressé : on n’admet, en fait de mots, que le strict nécessaire ; le temps est de l’argent ; on se hâte, on se bouscule, on supprime au besoin même le verbe…[1]. »

  1. Cf. Revue bleue du 28 mai 1881.