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étude souvent puissante, vive et vraie toujours, la Ferme des Gohel et les Haute-manières, deux bons tableaux d’intérieurs normands, par M. Canivet, l’Ennemi par

    sur toutes les lèvres dans les écuries ; et ainsi qu’elles l’eussent fait si leurs maris s’en étaient allés à une guerre véritable, les femmes silencieusement regardaient ces préparatifs avec des yeux douloureux, car probablement le gars se défendrait. « Comme il ne s’agissait pas d’envelopper seulement la forêt de Bourgon, mais les bois d’Hermet et tout le pays de Jnblains à Deux-Evailles, les brigades s’ébranlèrent de minuit à deux heures du matin, selon que tel ou tel rôle leur avait été assigné. Une pluie glaciale tombait. La nuit était noire comme poix. Ce furent de tragiques départs. Dans les villages qu’on traversait, plus d’un, entendant le clapotement des fers des chevaux dans l’eau, risqua son nez à la fenêtre et frissonna de voir s’enfoncer en les ténèbres ces cavalcades d’hommes taciturnes engoncés dans leurs manteaux et qu’un bruit d’armes accompagnait. « Néanmoins, l’éveil ne fut pas donné, et quand, avec l’aube indécise, la battue commença, nul, en la forêt de Bourgon, ne soupçonnait ce déploiement de forces. « Quant à Constant, il avait chassé toute cette