Page:Le Goffic - Les Romanciers d’aujourd’hui, 1890.djvu/174

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre d’esprits distingués et souffrants. Je sais des jeunes hommes et des jeunes femmes — qui ont aujourd’hui vingt-cinq ans — pour qui c’est une sorte d’Imitation[1]. M. Barrès les a révélés à eux-mêmes. Ils se sont reconnus et aimés dans cette âme double. Aimés sur-

  1. Avec toutes les restrictions qu’une telle comparaison comporte. Lamennais, dans sa prélace à l’Imitation, a très bien montré en quoi et par quoi l’Imitation se distingue des livres de morale profane : « L’auteur ne se borne pas, dit-il, à nous montrer nos misères : il en indique le remède ; il nous le fait goûter ; et c’est un de ces caractères qui distingue les écrivains ascétiques des simples moralistes. Ceux-ci ne savent guère que sonder les plaies de notre nature. Ils nous effrayent de nous-mêmes et affaiblissent l’espérance de tout ce qu’ils ôtent à l’orgueil. Ceux-là, au contraire, ne nous abaissent que pour nous relever ; et, plaçant dans le ciel notre point d’appui, ils nous apprennent à contempler sans découragement, du sein même de notre impuissance, la perfection intime où les chrétiens sont appelés. » Ceux qui ont lu le livre de M. Barrès trouveront peut-être que cette citation n’était pas déplacée ici.