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tres à les bâtir que c’est beaucoup si la fortune y arrive en trois siècles ». Mais Montaigne connut cette amitié, et il en a parlé divinement dans les Essais[1] : « Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu’en répondant : parce que c’était lui, parce que c’était moi. Chacun de nous se donne si entier à son ami qu’il ne lui reste rien à départir ailleurs. Au rebours, il est marri qu’il ne soit double, triple, ou quadruple, et qu’il n’ait plusieurs volontés pour les conférer toutes à ce sujet. » Vous n’avez pas oublié non plus les exemples fameux tirés de l’histoire grecque ou latine. Mais la candeur d’un maître d’école peut seule se méprendre aux amours d’Achille et de Patrocle, de Nisus et

  1. Au ch. XXVII, I. I, De l’Amitié.