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années. Vous en connaissez le sujet : une amitié (non de ces amitiés « ordinaires et coutumières » qui ne sont, comme dit Montaigne, que « superficielles accointances », mais cette « souveraine et maîtresse amitié » où atteignent du premier bond les grands cœurs, comme si ces cœurs, qui se cherchaient dans l’inquiétude avant de s’être trouvés, obéissaient à je ne sais quelle « force inexplicable et fatale, médiatrice de leur union ») et cette amitié traversée par un amour de femme, les petits ongles cruels lacérant à plaisir ces cœurs doux et graves, la déchirure des cœurs qui s’élargit, et rien pour la fermer, sinon la mort.

Ne dites pas que de telles amitiés sont impossibles. Mieux vaut convenir avec Montaigne « qu’il faut tant de rencon-