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Mais je voudrais qu’on dédaignât moins ces premiers balbutiements de l’esprit. Ils sont, la plupart, d’une confusion charmante. La pensée s’y cherche, ou bien les mots répondent de travers à la pensée. Cette confusion même fait qu’on y trouve tout ce qu’on veut, et cela aussi est un charme.

Il n’en va pas de la sorte avec M. Paul Bourget. Dès qu’il a su penser, M. Bourget a pensé d’une façon précise. Il n’y a jamais eu chez lui de l’inachevé ni du flottant ; il fut logicien à l’âge où d’autres jouent aux billes. Vous savez bien, ces photographies d’enfant où l’on retrouve, nettement accusés déjà, les traits de l’homme mûr ? C’est ainsi, j’imagine, que l’auteur de Mensonges et de Crime d’amour se retrouve tout entier, ou presque, dans l’adolescent qui signa