Page:Le Goffic - Les Romanciers d’aujourd’hui, 1890.djvu/139

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tempes, l’afflux de mille sensations de bien-être ou de malaise, et ma pensée courant au travers, toute à sa tâche de réflexion. Mais quoi ! si je ne venais pas de les noter ici pêle-mêle, perceptions confuses et perceptions distinctes, ne serais-je pas bien embarrassé, une heure après, pour trouver dans mon souvenir la moindre trace des premières, alors que les secondes auront survécu ? Et même dans celles-ci, dans les perceptions distinctes, un choix se fera encore à mesure. Mon passé finira par se ramasser en quelques traits nets et caractéristiques. Au romancier d’observer ces traits, car c’est avec eux seulement qu’il reconstituera mon « moi ». La nature simplifie ; l’art ne peut que suivre la nature. À les vouloir violenter tous deux, on risque la cocasserie, uniment.