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nage ; le linge, rare et troué, s’égouttait sur des cordes ; les meubles étaient si noirs de poussière et de fumée qu’on ne distinguait plus les ferrures.

Mais ce qui frappait surtout, dans cette misérable demeure, c’était la profusion d’images, de statuettes, de croix, de bénitiers, d’objets de piété de toute sorte qui tapissaient les murs. La sordidité des hôtes n’avait d’égale que leur extrême dévotion. Pas un endroit où elle ne se marquât par quelque témoignage. Thomassin les en avait plaisantés, à ses premières visites. Alors, le regard de Coupaïa luisait, sombre et haineux ; Salaün hochait la tête et grognait.

— Bien ! bien ! disait le douanier. J’entends. C’est moi qui ai tort. Chacun ses affaires, après tout !

Mais, malgré lui et sous cet air de gausserie, il était toujours un peu gêné en entrant chez les Salaün.

Ce demi-Normand, esprit net et positif, étranger à tout mysticisme, poli encore par ses années de vagabondage dans les grandes cités marchandes, avait l’obscure intuition de pénétrer là dans un monde fermé, où rien ne lui parlait et où rien de lui non plus ne parlait aux