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Francésa tardait au rendez-vous. L’affaire dont il avait à l’entretenir était cependant très sérieuse et pouvait modifier du tout au tout l’attitude du vieux Prigent, si tant est qu’il fût moins sensible au gendre qu’à la fortune.

Enfin, Francésa parut. Elle avait jeté un petit châle de laine sur ses épaules, et, chaussée de grosses galoches, peignée à la diable, si jolie encore, elle se hâtait vers lui. Il la pressa dans ses bras et baisa ses cheveux frais.

— Dépêchons-nous, dit-elle. Je n’ai qu’une seconde.

Mais il ne se lassait pas de la caresser, et il fallut qu’elle se dégageât et fît la moue pour qu’il redevînt sage.

— Je ne te comprends pas, lui dit-elle. Mon père ne veut pas consentir à notre mariage et tu es aussi gai que si cette mauvaise nouvelle ne t’avait point touché. Tu dois combiner quelque ruse, Loïz-ar-béo, car il ne se peut point que tu sois si gai sans une raison.

— Aussi en ai-je une, kézic.

— Alors ne me la cache point plus longtemps. De te voir avec ces yeux rieurs, cela me rassure un peu déjà ; mais je ne cesserai point d’être