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Vingt-cinq mille livres… Seulement vingt-cinq mille livres !… Prigent s’était dressé sur le coup.

— Le filou ! Le filou ! Des terres qui vaudraient aujourd’hui le million !…

Ces belles tenues familiales, trois cents hectares au moins, presque un pays, d’une vision brusque, avaient passé devant lui. Vingt-cinq mille livres ! Autant dire qu’on les donnait. Et de quel droit ? Qu’avaient fait les siens pour qu’on mît cette fureur à les dépouiller ? Il bouillonnait. Ce n’était plus le Prigent de tout à l’heure, indifférent aux considérations générales sur la famille, le nom, etc. Maintenant chaque mot de la liste faisait balle, frappait au plein de sa passion pour la terre. Et à mesure que la liste se déroulait, si longue, interminable à cause des hésitations de Francésa, c’étaient de nouvelles explosions, un déchaînement de rage grandissante contre ces voleurs de terre, dont le moindre eût mérité d’être roué vif…

— Ce Buhors ! Sais-tu, toi, Francésa ? Son fils est aujourd’hui le plus riche propriétaire du pays. Il a un château, des voitures, des livrées. Il est député. Il ne s’appelle plus Buhors tout court ; il s’appelle Buhors de je ne sais quoi