s’éternise et le répertoire du guide Jodoche n’est pas inépuisable. L’un somnole, l’autre chantonne et le troisième, correspondant de journal et poète par occasion, griffonne sur un bloc-notes des lignes inégales qui ressemblent à des vers. Son voisin, qui le guette, profite d’un moment d’inattention pour lui enlever le bloc et lit à haute voix :
Je ne t’oublierai plus, Haïdja, brune enfant,
Ni tes yeux allongés et noirs, tes yeux de faon,
Ni, sur ton front poli dont j’écartais le voile,
Ce lotus bleu portant à sa cime une étoile
Qui s’épanouissait entre tes deux sourcils,
Ni les lourds bracelets de tes poignets subtils
Et ronds, stèles, fûts d’or, d’où tes mains aux doigts frêles
Imitaient dans leurs jeux l’essor des tourterelles,
Ni ta marche glissante et, sous ton jeune sein
Immobile, les sauts cadencés du bassin,