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ronnantes. Les prix étaient fort bas. L’exportation vers Paris les releva sensiblement et les envois finirent par atteindre, en 1875, deux millions de kilos. Cependant les cultivateurs plougastélois ne formaient pas encore d’associations ; les marchands fraisiers du dehors venaient acheter la fraise sur place et traitaient avec chaque producteur isolément. Cet état de choses commença de se modifier quand les steamers anglais, au lieu de charger la fraise à Brest, acceptèrent de venir la charger directement et pour ainsi dire à pied-d’œuvre dans les petits ports de la presqu’île : au Passage, au Caro, à l’Auberlac’h, etc. C’est à cette époque que se fonda, sous une étiquette anglaise, le premier syndicat fraisicole de Plougastel : la Shippers-Union[1], bientôt suivie de la New-Union et de la Farmers-Union. Et il se peut que le contact et l’exemple des commerçants britanniques n’aient pas été étrangers à cette évolution qui répondait si bien, par ailleurs, aux habitudes communautaires de la race et à son antique répartition en frairies : le syndicat n’est, en somme, qu’une extension économique de la breuriez. L’exportation des fraises s’était faite jusque-là dans des conditions assez fâcheuses : les cargos-boats qui chargeaient à Plougastel manquaient essentiellement de confort ; les fraises y avaient à la fois à souffrir du voisinage malodorant des chaufferies et du défaut d’aération. Aussi les syndiqués décidèrent-ils en 1899 d’affréter des navires spéciaux pour le transport de leurs produits. Le Résolute fut le premier navire de ce genre : la cale avait été éloignée de la machine et, si l’on n’y avait point fait, comme sur les steamers américains, la dépense d’un

  1. Union des Expéditeurs.