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fruitière, inconnue avant eux ou du moins demeurée très rudimentaire[1]. La fraise fait exception. D’assez bonne heure on a distingué la fraise ordinaire et la fraise du fraisier traçant, appelée sivienred. Ce n’est pourtant que vers la fin du xvie siècle qu’on a commencé à cultiver la fraise en France. Elle vivait, jusqu’alors, à l’état sauvage, comme nos fraises des bois. Et c’est en effet dans les bois qu’on l’allait chercher. Elle était fort petite, même la variété de fruit plus allongé connue sous le nom de fraisier des quatre saisons et qui est originaire, croit-on, du Mont-Cenis, dans les Alpes. Bien plus tard seulement sont apparus les fraisiers à gros et moyens fruits : le fraisier élevé (fragaria elatior) à la saveur musquée ; le fraisier des collines (fragaria collina), dont le calice est appliqué sur le fruit ; le fraisier du Chili (fragaria Chilœoensis), introduit en 1714 et qui, perfectionné par la culture et croisé avec la fragaria virginiana, s’acclimata tout de suite à Plougastel.

On y cultive, bien entendu, surtout depuis une cinquantaine d’années, un grand nombre d’autres variétés. Il semble même que le fraisier du Chili ait fait son temps, ainsi que la grosse fraise à fruit pourpre (Belle de Meaux, Belle de Montrouge, etc.) qui, dans la banlieue parisienne, s’est taillé une si belle place au soleil. C’est la fraise moyenne à qui vont les préférences des cultivateurs plougastélois. Les variétés les plus répandues là-bas sont la Docteur Morère, la Marguerite, la fraise noble, la Royale souveraine, la fraise d’Angers, la fraise Jaime et la

  1. N’en concluons pas que les Celtes ne connaissaient que la vie pastorale, « Tout le monde sait qu’ils connaissaient l’agriculture, dit le savant Joseph Loth. Un certain nombre de termes importants communs aux deux groupes, goidélique et brittonique, suffirait à le prouver. (Note sur le nom de la herse chez les Celtes.)