d’honneur et leurs garçons se sont éclipsés dans une pièce voisine.
La coutume de la soupe au lait, qui tend à disparaître des autres parties de la Bretagne, a conservé ici toute sa vogue, mais en perdant son caractère primitif et en tournant à la grosse farce populaire. On coupe dans un saladier des croûtons de pain et des rondelles de carottes qu’on assemble en chapelet par un fil ; on les trempe dans du lait abondamment baptisé ; on y ajoute du sel, du poivre, et toutes sortes d’ingrédients bizarres, tels que du tabac à priser, qui, en nageant à la surface de la soupe, ressemble vaguement à du beurre roussi ; enfin, dans un navet ou une betterave, on taille deux cuillers dont on perce le fond à la manière d’une écumoire. Quand tous ces préparatifs sont terminés et que la soupe a reçu le degré de cuisson voulu, les deux premiers garçons et leurs filles d’honneur l’apportent sur une civière aux mariés en chantant la Sône de la Soupe au lait. Les mariés, assis sur le banc du lit-clos, doivent alors s’attabler devant elle, et leurs grimaces, leurs efforts pour attraper, avec des cuillers percées, quelques gouttes du méchant breuvage, mettent toute l’assemblée en liesse pendant plusieurs minutes. Je glisse sur certains détails moins ragoûtants, tels que la bataille des invités à coups de rondelles de carottes. Une plaisanterie d’un caractère moins équivoque est la promenade des poupées qui suit la cérémonie de la soupe au lait : la première et la deuxième fille d’honneur, précédées chacune de leur cavalier, un flambeau neuf au poing, circulent de groupe en groupe, en commençant par les mariés, et leur offrent de petites poupées qu’elles ont façonnées elles-mêmes grossièrement. Ces poupées-là ne sont-elles pas bien parentes des pupuli qu’on accrochait à