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épousés ont ainsi toute licence de se livrer à l’amoureux déduit…

Cependant, il ne faudrait pas croire que Plougastel ait le monopole des mariages collectifs. Ces sortes de mariages sont connus aussi à Languidic et à Pluvigner, dans le Morbihan, à Sizun, dans le Finistère. Je ne sais quels sont les jours qui leur sont affectés dans les deux premières de ces localités : à Sizun, ce jour est le Mardi-Gras, qui a pris de là le nom de Grand-Mardi. Il paraît que la cérémonie se déroule hors ville, non dans l’église paroissiale, mais dans la chapelle Saint-Cadou, à 7 kilomètres de Sizun, sur la route de Braspartz. Enfin, il est bon de remarquer qu’on ne célèbre pas à Plougastel que des mariages collectifs : on y célèbre aussi des mariages particuliers, surtout chez les marins au service qui se marient entre deux campagnes et dont les congés ne concordent pas toujours avec les dates affectées aux mariages collectifs.

Les rites du mariage sont encore les mêmes à Plougastel qu’il y a cinq cents ans. Si le breutaer (avocat ou porte-parole de la jeune fille) n’y joue plus qu’un rôle effacé, en revanche le rôle du bazvalan (ainsi nommé du bâton de genêt symbolique qui était l’insigne de sa fonction) a gardé toute son importance.

Vous savez ce qu’on entend par bazvalan. Le bazvalan est un entremetteur, un truchement d’amour, le diplomate chargé de rapprocher les cœurs et de négocier les alliances. Rôle parfaitement honorable en Bretagne, car il ne s’agit que d’alliances licites, sanctionnées par la mairie et l’église. Dans les autres localités, le rôle est généralement tenu par un tailleur ou un meunier, personnages à la langue affilée. Ici, le bazvalan est presque toujours cabaretier.

Il y aurait un bien piquant chapitre à écrire sur les