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des femmes, au-dessous du ruban de la jupe, plus encore qu’à une crête, il ressemble à un gouvernail symbolique. Par dessus le krapos est noué, en semaine, un châle ou mouchoir de cotonnade. Mais là, derechef, le protocole intervient : tantôt le châle est un imprimé bleuté à fleurettes blanches ; tantôt les fleurs sont remplacées par des rayures blanches, et c’est qu’alors la femme est en deuil. Le deuil féminin se révèle également à la couleur noire du ruban des coiffes et du ruban des tabliers, ainsi qu’à l’adoption du kapot pour les dimanches et jours fériés. Ce kapot ou cape qui ne tombe que jusqu’aux genoux et se ferme par des agrafes en cuivre, est muni d’une visière rigide et dessine sur la tête comme un casque : on le met sur le bras pour entrer dans les maisons, mais on le garde à l’église.

Pour les jours de fête ou de cérémonie, les femmes ont un troisième châle complètement blanc, en tulle ou en mousseline, et une coiffe de même nuance et de même tissu, uni ou brodé, dont elles laissent pendre les ailes sur leur dos et sur le devant du corsage. En temps ordinaire, cette coiffe, qu’Abel Hugo admirait fort et qu’il comparait au chapska polonais, est en percale et relevée et épinglée sur la tête ; un cintre en zinc, nommé bourleden, lui assure la rigidité nécessaire ; deux barbes en descendent sur l’épaule ; une mentonnière de couleur la fixe au cou. Il ne faut pas moins de deux mètres d’étoffe pour la confection de cette belle coiffe, dont on ne peut mesurer l’amplitude qu’une fois dépliée et qui est le grand luxe des Plougastéloises. D’autre part, la blancheur immaculée qu’elles s’efforcent de lui conserver ne peut être obtenue par les procédés ordinaires : la lessive ne se fait que deux fois ou trois fois l’an dans les fermes bretonnes.