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bouts de la croix centrale. Il faudrait dire figures plus que statuettes, d’ailleurs, car, dans quelques statuettes, il y a plusieurs figures. Cependant, même en décomposant les groupes, nous arrivons, comme on voit, à un chiffre assez éloigné de deux cents : dix-neuf figures manquent à l’appel, et il se peut, sans doute, que Courcy ait commis une erreur d’addition ou n’ait donné qu’un chiffre approximatif ; mais il se peut aussi que mon hypothèse subsiste et que les comptes de fabrique en fournissent quelque jour la vérification.

On a dit que le peuple d’Armorique, qui n’avait adhéré que des lèvres au christianisme romain et qui était resté fidèle jusque-là aux pratiques du naturalisme celtique, ne fut vraiment acquis au catholicisme qu’à partir du xviie siècle, sous l’influence des prédications de Michel Le Nobletz et du P. Maunoir, et l’on en a cru trouver une preuve dans la profusion des monuments religieux qui se sont élevés en Bretagne de 1600 à 1650. Cependant, dès les premières années du xvie siècle, vers 1520, pense M. l’abbé Abgrall, Tronoën-Penmarc’h voyait s’ériger dans son cimetière un grand calvaire à figuration dramatique qui a servi évidemment de modèle aux autres calvaires à personnages de la Bretagne. Le calvaire de Lanrivain est de 1548 ; celui de Guéhenno de 1550 ; celui de Plougonven de 1554 ; celui de Guimiliau de 1581. Et que de calvaires de second ordre nous rencontrerions encore au xvie ceux du Laz (1526), de Lopérec (1552), de Notre-Dame des Fontaines (1554), de Lanvénec (1556), etc., etc., dont quelques-uns n’ont pas moins d’une vingtaine de personnages ! Aussi serais-je tenté d’avancer de quelques années la date du mouvement néo-catholique en Bretagne et de la reporter au milieu du