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les Chansons de gestes, les églises dites gothiques, n’a besoin que de connaître ses défauts et de lutter contre eux par sa volonté de vivre. La raison humaine y suffit, la raison romaine est de trop. Quant à l’ordre latin, synonyme d’oppression, de centralisation et d’arbitraire, la Race qui sut, selon le mot de Clément d’Alexandrie, réaliser la République des justes, n’en a que faire


J’arrête ici la lettre de M. Robert Pelletier qui s’excuse en terminant, après avoir fait remarquer qu’une rue de Paris porte le nom de Camulogène, d’avoir été si long et cependant de n’avoir pas dit « tout ce qu’est le celtisme » ou plutôt le néo-celtisme, parce qu’ « on ne résume pas en deux cents lignes une nouvelle conception de l’histoire ». C’est parfaitement vrai ; mais, dans ces deux cents lignes, M. Pelletier nous a donné l’essentiel de la thèse des néo-celtisants. On peut très bien la juger sur cet aperçu.

Et d’abord cette thèse est-elle si nouvelle que le dit M. Pelletier ? Mais c’est la thèse d’Henri Martin, de Pictet, de Moreau de Jonnès, de Jean Reynaud, etc., une thèse vieille de trois quarts de siècle et davantage, car Le Brigand et la Tour d’Auvergne l’avaient soutenue à la fin du XVIIIe siècle. Elle n’a pas résisté une minute à la critique. Y résistera-t-elle mieux, étayée des nouveaux arguments dont essaie de la soutenir M. Pelletier ? Le français, dit-il, n’est pas une langue latine, mais une langue celto-latine, et la preuve, c’est qu’il contient, avec leurs dérivés, 3.000 mots celtiques ou pouvant venir du celtique. 3.000 mots, peste ! Voulez-vous ouvrir maintenant la première grammaire venue, celle de Dusouchet, par exemple, (Hachette, édition de 1912). Qu’y lisez-vous ?

« Dès les premiers siècles de notre ère, le latin