II
Il me faut bien revenir sur le renouveau celtique et c’est une question qui n’est pas près d’être épuisée, si j’en juge par l’abondance des lettres que je reçois et la variété des opinions émises. Je n’entends pas vous infliger la lecture de cette correspondance, qui, publiée in-extenso, déborderait les colonnes du journal. Aussi bien M. Robert Pelletier, dans la réponse ou plutôt dans l’article qui suit, a-t-il rassemblé et présenté avec une grande clarté d’exposition, sinon toujours avec une absolue sûreté critique, les arguments de la majorité des controversistes. C’est une voix diserte que celle de M. Pelletier, et c’est souvent une voix éloquente. Nos lecteurs auront plaisir à l’écouter.
Dans son article de jeudi sur Le Renouveau celtique, M. Charles Le Goffic a cité, parmi les manifestations contemporaines du celtisme, La Revue des Nations et la Ligue Celtique Française. Directeur de l’une, secrétaire général de l’autre, je voudrais présenter ici quelques observations en notre nom à tous, rédacteurs et ligueurs, que M. Le Goffic accuse de n’avoir pas assez réfléchi à la latinisation de la Gaule.
Cette irréflexion, si nous en étions coupables, serait la plus lourde des fautes. Organisation de combat, entrant en lutte avec ce qu’elle appelle le préjugé latin, la Ligue Celtique ne se serait pas préoccupée de tous les arguments historiques et autres dont pouvait disposer l’adversaire ! Nous ne les aurions pas tous réfutés pour nous-mêmes, pour notre sincérité, avant de les combattre publiquement !
Qu’Ésus et Teutatès en soient remerciés ! Nous n’avons pas montré tant de légèreté. Venus pour la plupart de la Sorbonne ou des Facultés de province, nous connaissions tous la théologie du culte romain pratiqué par tant d’universitaires. Si, au fond de nous, le Celte avait toujours pro-