dans les grottes de l’Autel et de l’Arche, tout incrustées de somptueuses pierreries, elle a ses retraites mystérieuses, ses boudoirs de silence et de rêve, où on la peut surprendre, les soirs de lune, peignant ses cheveux d’algue…
Qu’un tel pays, odorante corbeille de feuillage et de fruits posée au bord des eaux marines, apparaît différent de l’image qu’on se forme habituellement de la Bretagne ! La Cornouaille finistérienne n’est pas toute la Bretagne sans doute : ce n’est qu’une des faces, et la plus riante, de cette contrée qui a tant de visages. Nulle part les chapelles et les calvaires ne sont plus finement ouvragés, l’idiome celtique plus chantant, les usages plus pittoresques, les binious plus alertes, les passe-pieds mieux cadencés, les costumes plus chatoyants. Quimper a pu constituer tout un musée avec une noce kernévote[1]. Mais les personnages qui ont servi à l’établissement de cette curieuse figuration ethnographique — Fouesnantaises aux longs yeux veloutés, Iliennes monacales, Bigoudennes mafflues, enrubannées et mitrées comme des impératrices de Chine, patriarches de Scaër en bragou-ridet un ostensoir brodé dans le dos, etc., etc., — vous les retrouverez quand il vous plaira, tirés à des milliers d’exemplaires, dans les grandes assemblées religieuses de la race, à Loc-Ronan, pendant les sept jours de la « troménie » septennale, à Rumengol, lors du « pardon » des chanteurs, à Sainte-Anne-la-Palud surtout, lors du « pardon » de la mer, « la plus imposante des solennités bretonnes », dit un bon juge, Anatole Le Braz…
Un charme singulier émane ici des choses, qui
- ↑ De Kerner, nom breton de la Cornouaille.