II.
Quoique publié en feuilleton par le Temps, quelques mois avant la guerre, le roman que voici n’a pas paru en France, mais à Montréal[2]. Je sais bien que le Canada est une rallonge transatlantique de la France ; mais, si nos livres sont lus là-bas, les livres canadiens sont assez peu lus chez nous. Et ce livre-ci, qui s’appelle Maria Chapdelaine et qui est vieux déjà de cinq ans, ne semble pas avoir eu un meilleur sort que ses confrères. Pourtant, sur les deux préfaces dont il s’adorne, l’une est signée Émile Boutroux[3]. Et ce grand nom aurait dû lui servir de passeport près du public français. Mais je n’ai pas vu que les vitrines et les étalages des libraires de nos boulevards lui en soient devenus plus accueillants. C’est un ostracisme
- ↑ On a fondu ici les deux articles publiés dans la Démocratie nouvelle et le Larousse mensuel illustré. Il n’est pas besoin de rappeler, d’autre part, l’éclatante revanche de Maria Chapdelaine, cette « Mireille des neiges », comme l’a si poétiquement et justement baptisée Henry Bordeaux, et les beaux articles dont elle a été saluée quelque temps après son apparition dans les Cahiers par MM. René Bazin, Léon Daudet, Lucien Descaves, Gaston Kageot, Albéric Cahuet et H. Bordeaux lui-même.
- ↑ Chez J.-A. Le Febvre, édit. avec illustrations originales de Suzor-Côté (1916).
- ↑ L’autre, non moins excellente, mais plus volontairement canadienne, a pour auteur M. Louvigny de Montigny, de la Société royale du Canada.