Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.

garda jusqu’au bout son application aux choses du service, sa force d’âme et son sourire.

Si l’Université avait disposé d’un pouvoir canonique, elle eût volontiers fait un saint de Bersot. « Vous êtes de la grande race des philosophes pratiquants », lui disait Pasteur, qui cherchait à comprendre comment un tel caractère avait pu se développer hors de l’Église ; Jules Ferry, dans le camp rival, lui pardonnait son spiritualisme, « parce qu’il avait porté haut la vertu, dans le sens antique, sans l’appui de la foi ».

Ni l’un ni l’autre ne cachaient leur admiration, que partageaient tous ceux qui avaient approché Bersot.

Ce rationalisme modéré, ce stoïcisme sans pose, tant de vertus professionnelles poussées jusqu’à la complète abnégation de soi répondaient trop bien à l’idéal philosophique de l’Université d’alors, qui retrouvait par ailleurs, en Bersot, toutes les qualités de finesse, de mesure et d’élégance qui composaient son idéal littéraire. Libérale, tolérante et n’ayant qu’une aversion ou plutôt qu’un dédain, celui des « convultionnaires » de toute catégorie, elle ne s’étonnait pas que l’homme en qui elle aimait à se contempler comme dans un miroir qui n’eût laissé subsister que ses traits les plus nobles, pût, sans s’amoindrir, sans rien céder de lui-même, concilier dans sa sympathie éclairée Montalembert et Renan, Nisard et Sainte-Beuve, Jules Ferry et le comte de Falloux.

« Nous nous sommes battus, disait Bersot, nous nous battrons peut-être encore, mais pas de la même manière que si nous ne nous étions pas connus. »

Est-il impossible, d’ailleurs, de trouver un terrain d’entente entre honnêtes gens de confessions et