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— Soit, concédai-je. Quel intérêt auraient eu les garibaldiens à cacher la mort de leur chef ?

— Quel intérêt ? Mais les Garibaldiens sans Garibaldi n’étaient plus rien ! Ils perdaient toute importance politique ; leur cause était irrémédiablement ruinée.

— Et les fils de Garibaldi auraient accepté une substitution aussi honteuse ?

— Je ne suis pas dans le secret des dieux. Mais ainsi s’expliqueraient les effroyables disputes entre Menotti et son père putatif, dont retentirent à l’époque les échos de Caprera.

— Un mot encore. Persuadé, comme vous l’êtes, que Garibaldi mourut à Aspromonte, comment n’avez-vous point saisi l’occasion, à la Chambre, de protester contre les honneurs qu’on rendait à sa mémoire ?

— Je l’ai fait et l’Officiel peut en témoigner. Un jour que M. Lockroy occupait la tribune et qu’il parlait des droits de Garibaldi à être honoré en terre française comme originaire de Nice : « Mais, vous savez bien, répliquai-je, que votre Garibaldi était de Livourne ! »

Ainsi me parla, dans une conversation dont je garantis le sens, sinon les termes, M. Le Gonidec de Traissan, député d’Ille-et-Vilaine et ancien zouave pontifical. J’ai su depuis que beaucoup de ses compagnons d’armes partageaient sa manière de voir et qu’ils ne doutaient point que nous eussions eu affaire, en 70, à un faux Garibaldi.

L’hypothèse, reconnaissons-le, s’accommoderait assez bien avec les singulières défaillances du « héros » l’ascendant inexplicable qu’avait pris sur lui l’ineffable Bordone, pharmacien, promu général de brigade, surtout la licence des reîtres qui lui faisaient