LES SOUVENIRS
DE LE GONIDEC DE TRAISSAN.
J’étais en Alsace quand est mort M. Le Gonidec
de Traissan et je n’ai pu me joindre à ceux de nos
amis qui accompagnèrent jusqu’à sa dernière demeure
ce digne homme. Combien je l’ai regretté !
Sans avoir été des intimes de M. Le Gonidec de
Traissan, j’ai été à même, plus d’une fois, d’apprécier
la grâce exquise, la délicieuse simplicité de notre
compatriote. Je savais de surcroît tout ce qui se cachait de bravoure sous cette enveloppe si peu martiale à première vue, malgré la barbiche et les cheveux en brosse, souvenir du temps où Le Gonidec,
un Sacré-Cœur sur sa veste de zouave, se battait à
Mentana contre Garibaldi et à Patay contre les
Prussiens.
On n’a point ici à lui faire honneur — ou grief — de ses sentiments religieux. Mais enfin, ce serait trahir le défunt que de ne pas rappeler à quel point il était fervent catholique. Je crois même qu’il n’était si brave que parce qu’il était de roc dans sa foi.
— En somme, me disait-il, la mort n’est redoutable que quand on n’y est pas préparé. Or tous tant que nous étions, chez les zouaves pontificaux, nous communions chaque matin avant d’aller au feu. D’avoir la conscience en règle, vous n’imaginez pas