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Bretagne : c’est le haut personnel universitaire, depuis que le Conseil de l’Instruction publique, moins, j’en ai peur, pour céder aux vœux des régionalistes que pour ouvrir une brèche de plus dans notre enseignement gréco-latin, a institué un doctorat d’Université qui n’exige aucune licence préparatoire et pour l’obtention duquel la connaissance du français n’est même pas nécessaire : il y suffit du breton, du provençal ou du basque, en attendant qu’on se contente de l’auvergnat.

Chacun sait, du reste, — et je n’en suis pas autrement flatté pour mes compatriotes — que, dans la campagne contre les études classiques, les « bardes » bretons, auxiliaires inattendus de cette Université qui, la veille, n’avait pas assez de dédain pour eux, ont été parmi les plus ardents champions des doctrines nouvelles et que cette même Faculté des Lettres de Rennes, où on les reçoit à bras ouverts, est aussi la première, et je crois bien, la seule Faculté de France qui ait osé réclamer la suppression de la chaire de littérature latine occupée chez elle, sauf erreur, par un ancien et très savant élève de l’École de Rome, mon vieux camarade Alcide Macé.

Entre universitaires et bardes, la réconciliation s’est faite sur le dos de Virgile. Et c’est bien de l’ingratitude de part et d’autre. Je n’insiste pas, puisque, aussi bien, sans épouser ces haines rétrospectives et en demeurant un partisan convaincu de la culture gréco-latine, j’approuve pleinement la décision du Conseil de l’Instruction publique qui a créé le doctorat d’Université.

Cette décision, au moins en Bretagne, a déjà porté des fruits heureux : la thèse de M. Diverrès fait le plus grand honneur à ce jeune celtisant et à ses maîtres, MM. Loth et Dottin ; c’est une thèse gram-