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lem, peut-être conviendrait-il, à cette occasion, d’évoquer la mémoire de l’ascendant direct du romancier des Contes cruels et de Tribulat Bonhomet, cet étonnant Joseph Villiers de l’Isle-Adam, une des figures les plus originales de l’ancien Saint-Brieuc, hanté à ce point par la manie des trésors cachés qu’il avait fait de leur recherche une véritable profession.

M. du Pontavice nous a décrit ce bonhomme maigre, aux pommettes saillantes, au nez busqué, aux yeux vifs et ronds, et qui dansaient comme des feux follets sous des sourcils ravagés. Tout Saint-Brieuc le connaissait. Persuadé, sur la foi d’on ne sait quelle légende, que le relèvement de sa famille tenait à l’existence d’un trésor caché dans les décombres d’un des innombrables châteaux qu’elle possédait autrefois ou croyait avoir possédés, il avait commencé par exécuter des fouilles pour son propre compte en différents endroits du pays. Ses échecs successifs et la diminution de son patrimoine ne le découragèrent pas et, voyant dans l’idée qui l’avait conduit le germe d’une entreprise à généraliser, il s’établit à Saint-Brieuc découvreur de trésors pour le compte d’autrui. Héraldiste de premier ordre, possédant sur le bout du doigt son armoriai breton, le vieux Villiers lança des circulaires de tous les côtés, tant sur les familles que la Révolution avait dépouillées et qui pouvaient espérer rentrer ainsi dans une partie de leurs biens que sur les familles encore en possession de leur patrimoine et qu’il alléchait par l’espoir d’un accroissement de fortune.

Il ne paraît point qu’aucune d’elles ait répondu aux invites du tentateur. Le vieux Villiers était sans doute de bonne foi : l’illuminisme celtique n’en est