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ger tant leur sens, un cinquième article postérieur de plusieurs années, écrit à l’époque dit procès de Rennes, la merveilleuse Visite à Combourg dont je parlais tout à l’heure, sorte de grand office romantique avec son introït sublime :

« J’ai toujours projeté de visiter les lieux où sont les grands arbres à parfums qui, balancés sur le monde, suscitèrent mon imagination… »

Faute de ce couronnement, les quatre articles du Voltaire, même étayés des Huit jours, eussent paru incomplets et « chétifs » en effet. Et vous aviez raison, somme toute, de croire que la Bretagne méritait un hommage moins dérisoire. Vous aviez tort seulement de croire que vous ne lui aviez pas rendu cet hommage, parce que elle n’est nommée presque nulle part ailleurs dans vos livres[1]. Le ciel de notre subconscient est peuplé de dieux ignorés : c’est toute votre œuvre qui est un hymne involontaire à la Bretagne et qui proclame à votre insu sa puissance. Non, Barrès, je n’abuse pas du rameau d’or ; je ne vous tire pas à nous, Bretons, plus qu’il n’est raisonnable ; je vous définis et je vous situe à mon tour — sur des témoignages et sur des faits.

Vous m’écriviez, peu après la publication des Scènes et Doctrines du Nationalisme : «…J’ai devant moi d’immenses espaces qui m’appellent. » D’immenses espaces ? Illusion de conquérant qui mesure le monde à l’envergure de son âme ! Ces « immenses espaces » si vite épuisés, ils ont nom dans votre œuvre Aigues-Mortes, Tolède, Cordoue, Venise, Ravenne, Sparte, la Syrie, des sépulcres et des déserts. Mais ne voyez-vous point à présent que ce

  1. Sauf, bien entendu, dans la lettre ouverte de L’Écho de Paris sur les Églises et cimetières bretons qu’on trouvera plus loin et que Barrès m’adressa peu avant la guerre.