Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

partis du moyen-âge, qui n’étaient eux-mêmes que des façons d’amébées. La fin surtout en est magnifiquement bachique. Il semble qu’on voie les deux humeurs de piot rués l’un sur l’autre et s’enlaçant d’une telle étreinte qu’il faut à l’aubergiste, pour les séparer, s’armer du bâton à riboter… Voilà vraiment qui, malgré l’indigence de la langue, est supérieur aux productions habituelles de la muse populaire bretonne. Et que dites-vous de ce joli vers qui pourrait servir de devise, en Bretagne, à tant de rimeurs :

Mar be glebiet an anchen, ar bombard a zono…

« La bombarde ne sonne qu’autant que l’anche est humectée » ?

Ah ! comme, pour ce seul vers-là, Hédylos le Deipnosophiste, premier, au dire d’Athénée, des gosiers lyriques de son âge, l’archidiacre Gautier Map, renommé dans le sien pour sa soif inextinguible autant que pour son apertise de conteur, Olivier Basselin, le poète des Muids, et notre ami Gabriel Vicaire, leur digne émule et pieux continuateur, eussent chéri d’une dilection sans pareille, fêté et confirmé dans sa royauté bardique le bon « goliard » Yann-ar Gwenn ![1].



  1. V. au tome I de l’Âme bretonne le portrait de Yann-ar-Gwenn, œuvre du peintre Nicolas, de Morlaix, lui-même apparenté au barde et de qui descend Marie-Paule Salone, la jeune et vibrante poétesse de la Maison dans la brume.