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de défaillance. » Quand il répondra, quelques années après, à un reporter curieux de ses « idéaux » et qui lui demande ce qu’il veut être : « Chateaubriand… ou rien », il dévoilera le reste de son secret. Mais lui-même ne le tient pas encore, il hésite sur ses directions, il n’a pas fini de décrire ses orbes. Peu importe au demeurant : je ne fais pas ici l’histoire d’un esprit ; je saute les transitions jusqu’au Barrès qui croit avoir enfin trouvé sur la lande de Combourg son orientation et sa formule. C’est l’été : les hirondelles rasent l’étang ; la chaleur accable. Un pèlerin chemine sur la digue vers la poterne d’un roide et triste manoir féodal, pénètre sous ses voûtes. Est-ce René ? Presque, puisque c’est vous, Barrès.

« Fils des romantiques, écriviez-vous, je rentre dans ma maison de famille et je sonne à l’huis d’un château, survivance du passé, où je reconnais en même temps le principe de mon activité littéraire. »

Et, dès lors que vous le dites, nous aurions mauvaise grâce à ne pas vous en croire. Mais enfin, on ne saurait aller contre, c’est par Rosmapamon que vous êtes venu à Combourg, et peut-être n’était-ce pas l’itinéraire le plus direct. Seulement, en 1886, y avait-il une route directe sur Combourg pour un jeune Lorrain dilettante, misanthrope et incroyant ? Toutes ses préférences au contraire et le vent du siècle l’appelaient à Rosmapamon.

Vous vous souvenez, Barrès, de cette soirée de fête nationale où, en compagnie de Jules Tellier et de Charles Frémine, à une terrasse de la Source, je promis de vous y mener le mois suivant ? Paul Bourget observe avec beaucoup de justesse que chez vous l’enrichissement introspectif fut précédé d’un enrichissement par les voyages : voyager, au fond, n’était qu’une façon d’apprendre à vous mieux connaître et