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Kiosk[1]. Renan l’y vint voir en 1884, sous couleur de confronter ses impressions d’Orient avec ce paysage du Bosphore transporté sous le ciel de Bretagne, et peut-être aussi parce que cet horloger enrichi au service du Grand-Turc était le frère de la petite Noémi… Mais ce n’est ni des Tallibart, ni de l’auteur des Souvenirs d’Enfance qu’il s’agit pour le moment. Plouguiel, sans eux, se suffit, — Plouguiel, nom fait de mousse et de miel, dirait-on, soupir qui s’achève en un accord de viole ! Si jamais pays s’indiqua pour être la patrie d’un barde, n’est-ce pas le pays qui porte un nom aussi divin, à la fois crépusculaire et matutinal ? Et si ce n’est pas à Plouguiel, en effet, que naquit celui qu’on appelait « le roi des chanteurs bretons », c’est à Plouguiel qu’il vécut, qu’il chanta, qu’il mourut.

Essayons de l’y retrouver.

Ce ne sera pas très difficile.

Yann-ar Gwenn, ou, comme on le désigne plus familièrement, Dall-ar-Gwenn (l’aveugle Le Gwenn), est vivant ici dans toutes les mémoires. Elles s’ouvrent spontanément dès qu’on a prononcé son nom et, sans qu’on les prie, laissent échapper un flot de souvenirs. La popularité de l’aveugle n’a pas souffert du temps. Elle se serait plutôt accrue en route. Et cependant Yann est mort il y a près de trois quarts de siècle, — vers 1860, disais-je dans la première série de L’Âme Bretonne. Je me trompais de

  1. Nous en avons vu la photographie chez le fils de M. Tallibart qui a fait abattre ce premier Castellic, trop oriental à son gré, et l’a remplacé par une délicieuse maison bretonne, œuvre de M. Félix Olivier.