mais une sorte de voyage à la découverte de son « moi ». Littérature d’un placement difficile ! Peu de revenus, en outre, assez pour vivre, pas assez pour échapper aux basses contraintes où nous plie un état de fortune médiocre et dont on ne se satisfait point d’ailleurs, quand on est un Julien Sorel — ou un Barrès et qu’on veut avoir toute licence de caresser renaniennement « sa petite pensée ! »
Car s’il pourra se dire un jour du Christ, il est surtout de Renan à cette époque, mais avec des démangeaisons de bâtonner ce maître qui l’enchante et qui l’agace à la fois par ses « phrases insidieuses à réticences », sa « souriante hypocrisie », son « impudence à faire accepter des âmes simples les plus parfaites immoralités ». Il lui sait gré, sans doute, d’avoir sauvé le divin du naufrage de la divinité et il y a des jours cependant où par réaction, énervement de cette stérile et décevante métaphysique, il se ferait volontiers tolstoïsant, chercherait « l’assoupissement délicieux dans l’universelle bonté » et instaurerait la dictature du cœur sur les ruines de la raison. Ces velléités ne durent guère et, dans le même article quelquefois, sans se soucier de mettre une apparence de liaison dans ses idées, il revient à son nihilisme renanien ; il raffine même sur son modèle : hors des songeries et des mots qu’une main légère éparpille, tout est vain, et lui qui entendra, dans Notre-Dame, les grandes houles des orgues déferler sur son cercueil, lui qu’environneront, sous la croisée des merveilleuses ogives, pareilles à de longs doigts exaltés qui se joignent pour la prière, la pompe des obsèques officielles et toutes les solennités de la liturgie, il demande qu’on « laisse tomber » ce cadavre en pierre de la foi catholique, qu’aucun orateur sacré n’y soit plus admis à prendre la