troupe de contemporains se presse autour d’elle, dont il a bien fallu loger quelques-uns au salon voisin : son mari, son fils, sa fille, son père, le Bien-Bon, la marquise de Lambert, Madame de la Fayette, le duc de Chaulnes, M. d’Harrouis, sainte Chantal, grand-mère de la marquise, quatre ou cinq Coulanges et ce « divin » Pomenars qui portait si plaisamment sa double accusation de rapt et de fausse-monnaie et qui, condamné par la chambre criminelle, paya, dit-on, les épices de son arrêt en fausses espèces…
Ils sont tous là, vous dis-je, les parents, les commensaux et les amis de la châtelaine des Rochers. Incomparable galerie, échappée par miracle au vandalisme révolutionnaire ! Le château fut pillé cependant : mais déjà les toiles avaient été descendues de leurs cadres, roulées et enfouies. Que n’en put-on faire autant du lit de la marquise ?
— Les barbares, nous dit Madame des Nétumières, le jetèrent dans la cour avec quelques autres meubles qu’ils ne purent emporter, les archives et la bibliothèque du château, et firent de ces inestimables reliques un autodafé autour duquel ils dansèrent toute la nuit.
Il y a pourtant un grand lit à baldaquin dans la chambre ; mais ce lit n’est pas celui de Madame de Sévigné, quoi qu’en prétendent les Guides : c’est celui de sa fille, qu’on a drapé avec le couvre-lit de lampas jaune brodé de bleu, de vert et de blanc, que Madame de Grignan exécuta pour sa mère. Par exemple, le reste du mobilier défie la critique et l’on n’y peut rien voir qui ne soit de la plus scrupuleuse authenticité. Comment fut-il préservé de la destruction ? Le cacha-t-on ? Le reconstitua-t-on pièce à pièce ? Toujours est-il que le voici au grand com-