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« affiliés » dont il s’agit opéraient sous la direction d’un certain Hervé Bihan[1] qui fut capturé près de Plouaret et pendu à la croix de Kermabin. Mais, plus encore que la Lann-ar-Consorted, la Lieue-de-grève, sur la route de Lannion à Morlaix, était un endroit redouté des voyageurs. De tout temps, les fourrés qui avoisinent ce dangereux passage, servirent de repaire à des bandes de voleurs. L’histoire et la tradition populaire ont gardé le souvenir d’une femme, Marc’haït ou Marguerite Charlès — bien autrement intéressante, par parenthèse, que Marion du Faouet — laquelle sous la Ligue, presque au même temps donc que les Guilleri, rançonnait et assassinait à la tête d’une de ces bandes les voyageurs qui se rendaient de Lannion à Morlaix ou réciproquement. Elle avait pour principaux lieutenants les frères Rannou, deux coquins magistralement charpentés, qui, dédaignant toutes autres armes, assommaient les gens à coups de penn-baz. Elle-même commandait la manœuvre, comme un premier maître de timonerie, à l’aide d’un sifflet, « un sifflet d’argent doré », dit la tradition.

Ma é honnont ar Charlezenn,
A c’huitelle war bouez he fenn ;
Ha na è ket ur zelbant vad
Klewet ’r Charlezenn c’huitellad.

  1. À moins que bihan ne soit ici adjectif, auquel cas il faudrait entendre : « le petit Hervé ». Le trésor de la troupe était caché dans « un vieux chêne » où la légende veut qu’il ait été retrouvé par Yan Bré qui en aurait employé une partie à la construction du calvaire de Saint-Jean.