Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plus difficile autrefois : de là le grand nombre des mendiants qui sillonnaient les routes et dont les plus hardis ou les moins scrupuleux se faisaient volontiers coupeurs de bourses. Et peut être aussi que la répression laissait quelque peu à désirer sous l’ancien régime : Messieurs de la maréchaussée, tels les carabiniers d’Offenbach, arrivaient souvent trop tard. Ils n’arrivaient même pas du tout, quelquefois. Si bien que les voyageurs, assez fréquemment, finissaient par s’entendre avec les voleurs, comme cela se passe encore, de nos jours, en certains districts montagneux de la Corse.

Vous lirez, chez M. Lorédan, le récit détaillé — et combien pittoresque, amusant ou pathétique ! — des courses de Marion sur les grands chemins. Je ne veux pas déflorer votre plaisir en vous donnant de ce récit une analyse forcément sèche. Marion, du reste, eut des ancêtres et des imitateurs. Faut-il vous rappeler, en Bretagne même, les trois frères Guilleri, roués sous Henri IV et qui, six années durant, terrorisèrent la province ? Aux croisées des chemins ils attachaient des écriteaux portant : « La paix aux gentilshommes, la mort aux prévôts et aux archers, la bourse aux marchands ! »

Dans la vallée supérieure du Guer, entre les chapelles de Christ et de Sainte-Catherine, s’étendent de grandes friches broussailleuses qu’on appelle la Lann-ar-Consorted (la Lande des Affiliés). Peu de régions sont aussi mal famées. Les