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MARION DU FAOUET

ET LA GRANDE MISÈRE DU XVIIIe SIÈCLE




Aimez-vous les histoires de voleurs ? Lisez la Grande Misère, de M. Jean Lorédan. C’est la vie de Marion du Faouet et de ses « associés » que l’auteur nous y raconte, avec une connaissance des lieux, des hommes et des choses, un luxe de détails, une érudition extraordinaire.

Est-il vrai cependant que la misère ait été si grande aux xviie et xviiie siècles, que les paysans surtout, pendant ces deux siècles, aient été si malheureux en France et particulièrement en Bretagne ?

J’ai peur que M. Lorédan n’ait été obsédé, comme tant d’autres, par le fameux couplet de La Bruyère : « L’on voit des animaux farouches, mâles et femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés par le soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et remuent avec une opiniâtreté invincible ; ils ont comme une voix articulée et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières où ils vivent de pain noir, d’eau et de racines, etc… »