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maires ministériels ; conseillers généraux et conseillers d’arrondissement professaient la même horreur à son endroit. L’un de ces derniers, le docteur Larose, jacobin sec et rigoriste, manifesta publiquement et à diverses reprises son regret que Guyomar n’eût pas été traduit en cour d’assises. L’ancien maire ne trouva qu’un défenseur hors de sa commune, Pierre Garmès, d’extraction paysanne comme lui et son ami d’enfance, qui, jusqu’au bout, tint tête à l’opinion. Mais Garmès n’était qu’un obscur conseiller municipal de Quimperlé, et que pouvait-il contre toute la représentation départementale réunie ?

Tant de déboires accrurent la rancœur de Guyomar et altérèrent quelque peu son affection pour le régime. On s’en soucia médiocrement dans le parti : Guyomar ne serait vraisemblablement plus de ce monde aux élections suivantes ; la situation politique n’avait jamais été aussi bonne dans le Finistère ; huit sièges gagnés au dernier renouvellement du conseil général assuraient la majorité aux républicains et l’horizon semblait dégagé pour longtemps, quand le décès quasi simultané de cinq membres de la gauche vint tout remettre en question. Précisément l’un des premiers frappés fut le conseiller général du canton de Plouriec. Encouragée par le succès de son coup de force contre Guyomar, la « réaction » relevait la tête ; on parlait de la candidature du propre fils de M. d’Aurelles et les ministériels ne trouvaient à lui opposer que celle du docteur Larose, qui s’était