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mais j’ai bien peur que cette beauté ne s’évapore dans mon propre récit. Enfin, essayons.

Donc, à Plouriec, dans un bourg perdu de la Cornouaille finistérienne, vivait vers 1878, au temps du cabinet Dufaure, un maire nommé Yves-Marie Guyomar et qui passait pour n’avoir pas la conscience bien nette.

Menacé d’une interpellation par un député de la droite, M. d’Aurelles, le gouvernement tailla aussitôt dans le vif. M. d’Aurelles, fort honnête homme, croyait sincèrement à la culpabilité de Guyomar. Bien d’autres y croyaient, même parmi les républicains. Et M. Dufaure ne badinait pas avec les prévaricateurs.

La vérité, c’est que Guyomar, paysan aisé, riche à cinq ou six mille livres de rente, mais sans grande instruction, n’avait commis aucun des actes dont on l’incriminait et qu’il n’était coupable que d’imprudence : son secrétaire de mairie avait tout fait, sous son couvert, sans doute, et avec son assentiment, mais en lui déguisant la gravité des opérations auxquelles il se livrait et qu’il lui présentait comme de simples virements. Guyomar n’avait tiré aucun profit personnel de ces opérations qui sont aujourd’hui courantes, mais que l’état des mœurs n’autorisait pas encore. Son attachement au régime était parfaitement désintéressé : il comptait au premier rang de cette petite