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DEUX RÉPUBLICAINS



À M. Eugène Allard.


La période électorale est ouverte ; les candidats fourbissent leur éloquence. On ne va plus s’entendre pendant un mois.

Nul refuge contre le mal : les campagnes seront infestées comme les villes ; avant que les feuilles aient poussé aux arbres, il poussera des affiches sur leurs troncs. C’est une lèpre qui envahit tout et qui pourrait, à la rigueur, se tolérer sur nos murs ; mais, aux champs, le scandale confine au sacrilège. Faire la Nature complice du Bloc ! Ne pouvoir circuler dans un paysage qu’entre une profession de foi radicale et le manifeste du parti socialiste unifié ! Lugete, Veneres…

Je sais pourtant une circonstance où la politique et la pire des politiques, la politique de clocher, joua un rôle assez émouvant. Cela se passait, il est vrai, en Bretagne et aux âges héroïques du régime. Et il est vrai encore que les Bretons, petits et grands, m’ont souvent rappelé ce personnage des contes de fées qui ne pouvait frôler l’objet le plus vulgaire sans le muer en or : tout leur est matière à poésie. Le fait est que je trouvai à l’anecdote qui me fut contée une beauté presque romaine,