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race des conclusions à peine applicables à tels groupes nettement tranchés comme le Roscovite et le Plougastélois qui dessinent au milieu de la société bretonne des sortes d’îlots ethniques indépendants. Et l’on avait fait la part enfin de ce coefficient insoupçonné des géographes et qui s’appelle la vie sentimentale.

Elle joue le premier rôle chez le Breton. Dans ses traits généraux et en dépit des modifications superficielles qu’il a subies au cours de ces dernières années, celui-ci est bien demeuré conforme à son type initial ; c’est bien toujours ici, comme dit Maupassant, « le vieux pays hanté », la terre de religion, la patrie du rêve. Peu importe la couleur de ce rêve, l’objet de cette religion. Ils changent : l’homme qui s’en nourrit ne change pas. Une race s’exprime par ses éléments supérieurs et, dans un Renan, resté profondément idéaliste à travers tous ses avatars et continuant à entretenir en lui, au plein de son rationalisme, une poétique réserve d’illusions, de subtile métaphysique et même de piété, nous avons une parfaite image de la conscience bretonne et de sa fidélité au passé jusque dans l’apparent reniement de ce passé.